Intelligence Artificielle et surveillance
A voir sur la médiathèque d’arte (jusqu’au 19 juin 2020) :
Tous surveillés – 7 milliards de suspects – ARTE
IA entre progrès et dérives – ARTE
Deux documentaires un peu glaçants mais qui racontent très justement un état des lieux alarmant.
Un des grands débats actuels dans nos sociétés dites modernes, est la place accordée à l’Intelligence Artificielle. Pour une partie de la population, l’IA est un progrès qui peut contribuer au bien-être de l’humanité, pour une autre partie c’est la porte ouverte à toutes les déviances autoritaires et dictatoriales. L’intelligence artificielle utilisée pour contrôler les agissements des citoyens est déjà considérablement intégrée à notre quotidien via l’utilisation (volontaire) des services de Google, Facebook, Amazon et consors. L’utilisation criminelle de l’exploitation de données collectées par le biais de ces services a donné lieu à un des scandales les plus retentissants de ces dernières années, l’affaire Cambridge-Analytica. L’exploitation des données de quelques millions d’abonnés à Facebook détournées par cette société a notamment permis à Donald Trump d’être élu président de la première puissance mondiale, les USA. Les procès intentés à la compagnie et à Facebook dans ce cadre n’en finissent pas. Et Facebook doit payer maintenant de lourdes amendes. Mais le mal est fait. Et il n’est pas négligeable ! Et quand on connaît les dommages que cette Intelligence peut provoquer, ne devrait-on pas arrêter d’investir des sommes exorbitantes pour améliorer encore cet outil de domination sur l’être humain ? Et qui plus est quand il s’agit d’investissement de deniers publics. Car ce sont pour la plus grande partie les budgets de la défense qui servent à la recherche. Pas les budgets de santé ni d’éducation.
Aujourd’hui avec le projet d’application Stop-Covid, dont l’efficacité reste à prouver, le gouvernement français tente sa chance encore une fois. Mais ne soyons pas dupe, la France est un des pays qui investit le plus dans l’IA, mais qui reste encadrée par le fameux pacte européen de protection des données. Stop-Covid pourrait-il être une chance de contourner le RGPD ? Nous sommes déjà surveillés par nos téléphones et par des systèmes de vidéo-surveillance installés un peu partout (pour notre sécurité !), ne nous laissons pas contrôler d’avantage, qui sait jusqu’où cela nous mènera.
Pour l’anecdote, la ville de Cannes s’est dotée ces derniers jours d’un service de surveillance vidéo qui comptabilise le nombre de personnes qui ne portent pas de masques. La reconnaissance faciale ici ne porte que sur ceux justement qui ne portent pas de masques et qui par conséquent seront en infraction si le port du masque est rendu obligatoire, ce que souhaite le maire, Mr. Lisnard. Bien que tout le monde se défende d’atteinte aux libertés individuelles et se targue de respecter le RGPD, la cheffe de cabinet adjoint de la commune, Sophie Mouysset, ajoute quand même : Si le masque devient obligatoire, et que le gouvernement nous donne les moyens, à un moment donné il faudra faire de la répression pour appliquer ce principe.»
La prochaine mission confiée à l’entreprise prestataire Datakalab consiste à l’analyse de la distanciation sociale entre les individus. Surveiller pour réprimer, c’est quand même malheureusement un peu la façon de fonctionner des gouvernements autoritaires, pour ne pas dire dictatoriaux.