Ah, partir...
Ça commence à nous démanger sérieusement. Allez voir ailleurs, prendre le large ou même juste marcher longtemps – comme dans le roman éponyme de Tomas Espedal. Et puis revoir la mer, qui s’étire à l’horizon. Revoir la mer surtout.
Ah, n’importe comment et n’importe où, partir!
Larguer vers la haute mer, par les vagues, par le péril, par la mer,
Aller vers le Large, vers le Dehors, vers la Distance Abstraite,
Indéfiniment , par les nuits mystérieuses et profondes,
Soulevé comme la poussière, par les vents et les ouragans!
Aller, aller, aller, aller d’un coup!
Tout mon sang rageusement aspire à des ailes,
Tout mon corps se jette en avant!
Je me laisse rouler par les cataractes de mon imagination!
Je piétine, je rugis, et me précipite!
En écume éclatent mes désires
Et ma chair est une vague qui se brise sur les rochers!
Fernando Pessoa, Extrait de Ode maritime, aux Editions Fata Morgana