Changeons de mode / Black Styles matter
Oui la mode, parlons-en. Parce qu’on aime ça, et parce qu’elle a pris des proportions détestables. Depuis la mode cheap de géants comme H&M, Mango ou Promod, en passant par les marques de prêt-à-porter un peu plus haut de gamme, jusqu’à la couture et la haute-couture, toute cette industrie pollue, pollue, pollue. Et exploite, esclavagise, abuse. Les tendances vont dans tous les sens, et à force d’influenceur-se-s en plus des magazines, la consommation de fringues et accessoires devient un vrai cauchemar. La mode est devenue un méga business et ne ressemble plus à grand-chose. Elle a perdu beaucoup de son âme créative.
En plus pour se donner bonne conscience, on refourgue les tee-shirts à deux balles et autres jeans informes après les avoir portés une saison ou deux dans des containers en direction de pays en voie de développement, sans se poser une minute la question de savoir si les gens là-bas en ont vraiment besoin ou envie, et de ce qu’ils vont bien pouvoir faire de ces cargaisons de rebus de mode occidentale et moche.
Déjà depuis 2 ou 3 ans, émergent des voix venues du monde de la mode et de la couture, pour dire que ça suffit, qu’on marche sur la tête, qu’on voudrait revenir à une mode qui fait envie et qui ne détruit pas tout sur son passage ( www.anti-fashion-project.com). Et aujourd’hui après la crise du corona-virus, de plus en plus d’acteurs du milieu saisissent l’opportunité pour revoir à la baisse leur production, et c’est tant mieux (voir le manifeste de Li Edelkoort www.dezeen.com/2020/04/15/li-edelkoort-world-hope-forum-manifesto-coronavirus-vdf/).
Il était temps. Et il est temps de soutenir une mode moins consumériste, plus innovante et inspirante.
Les jeunes créateurs recyclent, le vintage est le nouveau black, mais mieux encore l’esthétique « noire » devient la nouvelle tendance hype. Juste retour des choses sans doute.
En effet on a l’impression de voir enfin émerger sur le devant de la scène des créateurs, stylistes, photographes et de mannequins blacks qui donnent un nouveau souffle à la mode. Comme lors de la mise en avant de l’art premier dans les années 70, on découvre une autre esthétique, une autre vision de l’art vestimentaire et une créativité détonante. Et ça fait un bien fou. En particulier le styliste Ibrahim « Ib » Kamara et son complice le photographe Rafael Pavarotti, nous époustouflent avec leur créativité débordante et tellement inspirante qu’elle donnerait presque à la mode parisienne, italienne ou américaine l’envie d’aller se rhabiller. Encensés à Londres ou à Milan, ces jeunes gens d’origine africaine pour l’un et brésilienne pour le second, nous offrent la vision d’une intégration culturelle bilatérale réussie. Un équilibre réussi entre vêtements puisés dans les collections de couturiers occidentaux et tissus wax, accessoires exotiques et nouveaux, et une créativité exacerbée par les influences culturelles de mondes opposés. Du coup les mannequins font moins la gueule, ils posent avec dignité, leur physique et leur couleur de peau sont enfin mis en valeur, et c’est magnifique !