Changeons de ville!

A monde nouveau, ville nouvelle. Notre monde est en train de se transformer, et franchement il était temps!

La crise du corona virus a entraîné un réveil des consciences, en particulier celle du mal-être dans lequel vit la plupart des populations urbaines de notre planète. Manque de toits ou manque de place sous un toit, air saturé de pollutions diverses, insalubrité de certains quartiers, temps perdu dans les trajets et embouteillages aux heures de pointe sont les problèmes récurant de nos sociétés industrialisées. Aujourd’hui après 2 mois de confinement et un déconfinement prudent, la qualité de l’air s’est nettement améliorée, les embouteillages se sont considérablement réduits et on ne peut que s’en réjouir. La mise en place de nouvelles pistes cyclables dans de nombreuses villes est une initiative à saluer et à poursuivre. De même que la fermeture aux automobilistes des centres-villes et rues marchandes aux heures d’ouverture des commerces, pour éviter la cohue sur les trottoirs, devenus les salles d’attente des magasins, est une décision pleine de bon sens.

Mais le problème des loyers trop chers pour les logements et les petits commerces et cafés-restaurants demeure. Pourtant n’est-ce pas ce qui rend un centre-ville attractif ? La variété du tissu urbain et des échanges sociaux est l’intérêt premier de la vie d’une ville. Il faut saisir l’occasion de cette crise sanitaire pour réinventer la ville et les centres-villes autour de leurs fonctions premières.

Les gens qui travaillent en ville devraient pouvoir vivre décemment à proximité de leur lieu de travail (employés de commerce, personnel médical, agents de propreté, …) pour éviter ne serait-ce que le retour des embouteillages et du gaspillage d’énergies, et ceux dont la profession permet de télé-travailler devraient pouvoir libérer les énormes espaces de bureaux des centres- villes au profit justement de nouveaux logements. Privilégier les commerces indépendants plutôt que les grandes chaînes qui font commerce de produits pas chers fabriqués dans des conditions déplorables à l’autre bout de la planète. Encourager le maraîchage et la permaculture aux abords des villes plutôt que les immenses monocultures de céréales, pour pouvoir nourrir les habitants sainement et limiter les transports. Construire, rénover et transformer les bâtiments intelligemment, en récupérant les matériaux récupérables, en utilisant des matériaux légers et thermo actifs, et en imposant des surfaces minimums par habitant. Favoriser les constructions hors-site, les toits végétalisés, la récupération d’énergies. Il y a du pain sur la planche des urbanistes !

Pour en savoir plus :

– Matière grise, de Patrick Bouchain, Ed. Pavillon de l’Arsenal

– Entreprise du Paysage Urbain Comestible et Sauvage, Nicolas Bel www.topager.com

Illustration: Highrise of Homes, James Wines, SITE, New-York, 1981 http://www.siteenvirodesign.com/content/high-rise-homes
(comme quoi ça ne date pas d’hier les préocupations écologistes des architectes ;))