Madagascar, Alive and kicking

Pour son premier long métrage de fiction, Luck Razanajaona tire le portrait de l’Ile Rouge, grand pays méconnu, depuis son passé aux multiples révoltes à la dure réalité quotidienne. C’est un portrait sincère et touchant, une invitation à connaître cette île oubliée dans l’Océan Indien. Pas facile de voir de la douceur pourtant dans ce pays, longtemps malmené par le colonialisme et la répression et gangrené par la corruption. Les paysages filmés sont rares et on sent la pluie omniprésente mais la lumière voilée du jour adoucit les visages et les contours, et le noir des nuits, éclairées par des lampes torches ou des bougies, donne toute leur place aux chants des grillons, à la musique chaloupée, à la présence des ancêtres.

Étonnamment les manifestations et protestations populaires du film font écho aux soulèvements actuels de la jeunesse de l’île. Comme si le jeune réalisateur, en faisant le bilan de son histoire, avait anticipé le réveil de son peuple. Avec ses acteurs non professionnels, et une bande son mélangeant le jazz panafricain des années 70 des mouvements révolutionnaires, la musique traditionnelle malgache et les rythmes africains contemporains, l’histoire nous transporte dans un voyage d’initiation à la réalité malgache. On y suit un jeune homme cherchant son avenir entre prospection illégale de saphirs, déchargement de bateaux et amitié douteuse, sur les traces de son père musicien militant et assassiné lors des révoltes de 1972, sur fonds de contestations, corruption, et attachement à la terre.
O Madagascar, o mon pays, je veux être digne de toi, est son message à la toute fin du film.
En redonnant vie au cinéma malgache, par la réalisation même de ce beau film, Luck Razanajaona est en tous cas tout à fait digne de lui.
Disco Afrika, de Luck Razanajaona, Bande-annonce