Rétrospective Nicolas de Staël au Musée d’art Moderne de Paris –
Il faut s’imaginer une âme qui a grandi dans des déchirures terribles, un enfant qui a subi l’exil culturel d’abord et familial juste après avec la mort brutale et simultanée de ses parents. Une âme meurtrie qui n’aura de cesse de trouver refuge dans l’expression de la beauté la plus simple. De Staël usait de la peinture comme d’autres poètes utilisent les mots. Avec ses règles propres et une syntaxe étudiée.
[…] Respirer, respirer, ne jamais penser au définitif sans l’éphémère. […] Palette, c’est le timbre, le son, la voix […] ce qui donne la dimension, c’est le poids des formes, leur situation, le contraste. […]
C’est une œuvre d’une grande cohérence qui se révèle à travers plusieurs salles, les tons sombres du début faisant rapidement place à de la couleur. Des touches de couleurs émouvantes, éloquentes, variées. De loin comme de près la peinture est vivante, vibrante, tellement pleine d’émotions, à la fois si simples et fortes de poésie. Comme autant d’évidence. Des tableaux poèmes, comme les « Pommes en gris » carrées, sculptées dans la masse de la matière, si touchantes et réduites à leur plus pure ingénuité. On en pleurerait.
Chaque pièce affiche puissance et sincérité, les couleurs sont franches et tranchées, le trait imparable, le geste du peintre est palpable, il est là en train de peindre devant nous. Il a su capturer l’éphémérité du moment dans son ensemble, duquel il est indissociable. Son émotion reste intacte et nous éblouie par sa fraîcheur.
Sa technique si particulière, ses motifs – natures mortes ou paysages en grande majorité – constituent des morceaux de réalité brute qui nous percutent par leur justesse. Qu’importe si la mer est rouge et les champs bleus, on les reconnaît dans leur essence. C’est impressionnant.
Rétrospective Nicolas de Staël
Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 21 janvier 2024
« Présentant plus de deux cents tableaux, dessins, gravures et carnets issus de collections publiques et privées, cette rétrospective, organisée de manière chronologique, porte un nouveau regard sur le travail de Staël, en tâchant de rester au plus près de ses recherches graphiques et picturales.[…] »